“Man muss verführen und nicht gefallen.”
– Robert Opron
“Il faut séduire et non plaire.”
– Robert Opron
“It is about seducing, not pleasing.”
– Robert Opron
Im November 1985 schreibt Robert Opron, Leiter der Designabteilung, einen Brief an die Geschäftsleitung von Renault, bei denen er zu jener Zeit seit 10 Jahren arbeitet. Der Brief analysiert die damalige aktuelle Situation, präsentiert Lösungsvorschläge und betont die Bedeutung von Kreativität und dessen Zusammenhang mit strategischer Neuausrichtung betont.
Der Text kritisiert die aktuelle Situation des Renault-Stils, der als Produkt kultureller und historischer Unternehmenswerte erscheint und unter dem Einfluss externer Zwänge steht. Es fehlt an grundlegenden Überlegungen zur Produktentwicklung, was den Stil auf die Formgebung vordefinierter Definitionen reduziert.
Die Notwendigkeit einer schnellen Lösung wird betont, indem eine Neuausrichtung um eine klare Erkenntnis herum vorgeschlagen wird: Der Erfolg in der Automobilindustrie liegt vor allem im Verführungspotenzial des Erscheinungsbildes.
Der Text fordert eine Reorganisation und schlägt vor, eine Richtung für fortschrittlichen Stil, Produktionsstil und ein Stilmanagementkomitee zu schaffen. Es wird betont, dass der Stil seine Legitimität behaupten muss, indem er die Aufgaben effektiv koordiniert.
Es werden konkrete Maßnahmen zur Verbesserung der Stilqualität und zur Anpassung an die Bedürfnisse des Unternehmens vorgeschlagen, einschließlich der Schaffung einer fortschrittlichen Stilrichtung, einer Produktionsstilrichtung und eines Stilmanagementkomitees.
Es wird auch darauf hingewiesen, dass der Stil in der Automobilbranche von entscheidender Bedeutung ist und dass eine Zusammenarbeit mit externen Kreativen gefördert werden sollte.
Der Text schließt mit dem Appell zur Schaffung einer kleinen fortschrittlichen Stilstruktur, die effektiv und ressourceneffizient agiert, ohne die bestehende Struktur zu beeinträchtigen.
En novembre 1985, Robert Opron, chef d’équipe design déjà 10 ans, écrit une lettre à la direction de Renault qui analyse la situation actuelle de l’époque, présente des propositions de solutions et souligne l’importance de la créativité et son lien avec la réorientation stratégique.
Le texte critique la situation actuelle du style Renault, qui apparaît comme le produit des valeurs culturelles et historiques de l’entreprise, sous l’influence de contraintes externes. Il manque une réflexion de fond sur le développement des produits, ce qui réduit le style à la mise en forme de définitions prédéfinies.
On insiste sur la nécessité d’une solution rapide en proposant une réorientation autour d’un constat clair : Le succès dans l’industrie automobile réside avant tout dans le potentiel de séduction de l’apparence.
Le texte appelle à une réorganisation et propose de créer une direction pour le style avancé, le style de production et un comité de gestion du style. Il est souligné que le style doit affirmer sa légitimité en coordonnant efficacement les tâches.
Des mesures concrètes sont proposées pour améliorer la qualité du style et l’adapter aux besoins de l’entreprise, notamment la création d’une direction du style avancé, d’une direction du style de production et d’un comité de gestion du style.
Il souligne également que le style est essentiel dans le secteur automobile et qu’il convient d’encourager la collaboration avec des créateurs externes.
Le texte se termine par un appel à la création d’une petite structure de style progressiste qui agisse de manière efficace et efficiente en termes de ressources, sans porter atteinte à la structure existante.
In November 1985, Robert Opron, head of the design department since 10 years, wrote a letter to the Renault management analyzing the current situation at the time, proposing solutions and emphasizing the importance of creativity and its connection to strategic reorientation.
The text criticizes the current situation of the Renault style, which appears to be a product of cultural and historical corporate values and is under the influence of external constraints. There is a lack of fundamental reflection on product development, which reduces the style to the shaping of predefined definitions.
The need for a quick fix is emphasized by proposing a realignment around a clear insight: Success in the automotive industry lies primarily in the seductive potential of appearance.
The text calls for a reorganization and proposes to create a direction for advanced style, production style and a style management committee. It emphasizes that style must assert its legitimacy by effectively coordinating tasks.
Concrete measures to improve style quality and adapt to the needs of the company are proposed, including the creation of an advanced style direction, a production style direction and a style management committee.
It also points out that style is crucial in the automotive industry and that collaboration with external creatives should be encouraged.
The text concludes with an appeal to create a small, progressive style structure that operates effectively and resource-efficiently without compromising the existing structure.
Il semblerait qu’aujourd’hui, le style Renault ne soit qu’une émanation de la culture et des valeurs historiques de l’entreprise, elle-même influencée par la pression de l’environnement (situation économique, Etat, consommateurs, concurrents).
Sans réflexions de fond sur l’évolution du produit et ainsi prive de doctrine, le style, dont l’action est extrêmement limitée, subit des contraintes d’autres organes plus puissants que lui et se borne à mettre en forme les définitions pré-existantes. La division des tâches ne fait intervenir le style qu’en dernier lieu :
Etudes Produit (cahier des charges)
>> Bureau d’Etudes
(Plan carrossier)
>>Style (mise en forme).
Pour analyser cet état de faits, il suffit de regarder dans le passé où l’on définissait les objectifs du style par cette boutade “habiller le bossu” et plus récemment “l’art de choisir la meilleure courbe passant par des points imposés”. La conséquence de cet esprit est que le style devient plus ou moins à son insu “la main habile au service de ceux qui pensent”.
Cette dangereuse spirale entraîne le style à se légitimer dans la qualité de fabrication des maquettes, privant ainsi l’entreprise d’un atout majeur qui devrait être la qualité de son pouvoir créatif.
Ce problème est grave, il faut essayer d’y remédier rapidement. Pour cela, il est nécessaire de se réorganiser autour d’une lucide prise de conscience dans le fait que l’industrie automobile est une gigantesque machine à produire un objet techniquement complexe et dont la principale chance de réussite commerciale (à technique et qualité égales par rapport à ses concurrents), réside dans le pouvoir de séduction de son apparence.
Il n’est pas inutile de se rappeler que l’automobile, par ses caractéristiques d’usage et d’appréciation, restera longtemps encore un “objet-signe” générateur de plaisirs et d’investissements personnels, à l’inverse des objets qui connaissent unsort diamétralement opposé et ne valant plus que par le strict énoncé de leurs performances (réfrigé-rateurs, machines à laver, lave-vaisselle, etc.).
Que penser d’un producteur de cinéma, désirant réaliser un grand film et donnant le pouvoir à ses ingénieurs de plateau?
C’est un peu ce que fait Renault.
Pas de direction capable de coordonner les problèmes de perception sensible par l’exploration des symboles et de leurs signes de reconnaissance.
Le style doit assumer cette fonction en affirmant sa légitimité.
Pour ce faire, il faudra bousculer certaines traditions en tenant compte de la lettre de M. Georges BESSE du 4 Septembre [1985] c’est-à-dire, redimensionner, simplifier l’organisation, dépenser moins, améliorer la qualité et surtout gagner de l’argent en fabricant des véhicules qui plaisent. Tout cela avec détermination, rigueur et lucidité. C’est un challenge passionnant et difficile dans lequel le style aura beaucoup à assumer.
Comment ?
Simplifier l’organisation du style, c’est lui donner une réalité fonctionnelle parfaitement adaptée aux besoins de l’entreprise.
1) Créer une Direction du Style avancé.
Sa mission principale est d’explorer les concepts deux ans avant le choix.
Ce travail programmé n’excluant pas la recherche de “produits de rupture” capable de faire bénéficier l’entreprise d’un repositionnement inattendu.
On peut d’ailleurs s’interroger sur les moyens à mettre en place pour qu’un style avancé trouve sa pleine efficacité. Pour ma part, à l’inverse des structures lourdes et paralysantes, j’imagine une petite équipe pluridisciplinaire capable de découvrir et de faire travailler des talents nouveaux.
Une réelle structure d’accueil servant d’interface entre Renault et l’extraordinaire richesse des jeunes créatifs extérieurs.
Ceci compenserait aussi notre incapacité à attirer ou à garder les meilleurs dans une structure de style totalement intégrée.
2) Créer une Direction du Style de production.
Sa mission principale est la mise en conformité peuse et définitive des projets en accord avec le B.E. (gel).
Cette direction devra concentrer ses efforts sur la qualité des détails, l’homogénéité des dérivés et des versions.
3) Créer un Comité de gestion du style (DRDA + DP + DTP)
Sa mission principale est de créer et de gérer un plan méthodologique permettant aux directeurs impliqués par le style, des prises de décisions efficaces.
Assurer la gestion de la créativité.
Assurer la coordination entre le style avancé et le style de production.
Harmoniser la synergie avec le style AMC et les talents extérieurs.
4) Concentrer tous les moyens actuels du style sur l’automobile.
RVI peut maintenant faire appel à des stylistes indépendants (voir collaboration fructueuse avec Gandini sur le projet 880). Nous pouvons conseiller les autres prestataires de l’entreprise dans le même esprit.
5) Evaluer méthodiquement les compétences
des effectifs du style avec la collaboration de la direction du personnel cadre et non cadre afin que chacun trouve sa pleine efficacité dans les différentes étapes de gestation du style.
6) Redistribuer le budget de sous-traitance d’étude
(Recherche de nouveaux talents).
7) Supprimer le coût d’exploitation du style à Nanterre
et avec cette économie, construire près du siège (usine 0) un local pour le style avancé (il est fondamental de faciliter la connection avec la Direction Générale et la Direction du Produit).
Le style de Production restant à Rueil pour des raisons évidentes de collaboration directe avec le B.E..
8) Accepter que le style avancé
(comme chez nos concurrents les plus performants) soit assisté d’un petit groupe de techniciens et d’ingénieurs, motivés par le style, et chargés de l’interface avec le B.E.
9) s’interroger sur les moyens et les méthodes appliquées
chez nos concurrents afin de mieux évaluer nos propres progrès (se rappeler l’exposé de A. JARDON en 1982 au Théâtre de l’Empire).
Le tableau ci-joint établi en 1981 et concernant les effectifs de style par rapport à la production journalière de nos concurrents est révélateur de la position de Renault.
Bien sûr ce tableau mériterait d’être réactualisé et alors, on découvrirait que VW vient de décider la création d’un centre de style avancé sous la direction de P. LEQUEMEN (peut-être localisé à Munich ?), que Fiat réorganise son style avec l’architecte MAYOLI et que le style Ford Europe est en pleine mutation.
Bien d’autres problèmes mériteraient d’être cités, je retiendrai encore :
10) La CFAO au style
qui ne trouvera son réel développement qu’avec l’apparition de la nouvelle génération de stylistes formés à la manipulation de l’image synthétique (ces jeunes commencent à être formés dans les écoles d’arts appliqués). Serons-nous présents ?
11) Les tests qui devraient servir principalement à
l’élaboration du style
et non au seul éclairage des choix, créant ainsi une réaction “d’auto-censure” chez les stylistes dont l’objectif non avoué devient la note à obtenir et provoquant le plus souvent un sentiment de démotivation.
12) Comment ne pas s’interroger
sur l’utilisation concrète du savoir et de la passion pour l’automobile des collaborateurs du Produit, je pense à MM. CHEINISSE, LE FLOC’H, SOUQUET, G. DUBRULLE entr’autres. Une efficace collaboration avec le style avancé leur donnerait la possibilité de se redynamiser en dépassant le stade de l’approche théorique.
[fin de la liste]
Cet “a-propos sur le style” est volontairement schématique, il serait nécessaire de l’approfondir afin qu’il puisse. s’intégrer dans un “plan d’entreprise” dans lequel l’innovation ferait partie des composantes de notre stratégie.
Pour cela, il faudra éviter la tentation de se rallier à ceux qui pensent que le produit automobile a atteint un stade de maturité le condamnant à se répéter par le prolongement “restylé” du précédent.
Pour ma part, je suis profondément convaincu qu’avec l’accord de M. VIAN et la collaboration de M. VENTRE et de M. BEUZIT, il est encore possible d’amorcer une petite structure de style avancé avec des moyens limités aux strictes exigences de nos priorités et cela sans interférer avec les moyens et l’organsiation du style actuel.
Robert Opron.
t seems that today, Renault’s style is merely an emanation of the company’s culture and historical values, itself influenced by environmental pressures (economic situation, state, consumers, competitors).
Without deep reflections on product evolution and thus lacking doctrine, the style, whose action is extremely limited, is subjected to constraints from other more powerful entities and is limited to shaping pre-existing definitions. The division of tasks only involves style as a last resort:
Product Studies (specifications)
>> Engineering Department
(Bodywork plan)
>> Style (shaping).
To analyze this state of affairs, one only needs to look into the past where style objectives were defined by such expressions as “dressing the hunchback” and more recently “the art of choosing the best curve passing through imposed points.” The consequence of this mindset is that style becomes more or less unwittingly “the skilled hand serving those who think.”
This dangerous spiral leads style to legitimize itself in the quality of model making, thus depriving the company of a major asset that should be the quality of its creative power.
This problem is serious, and efforts must be made to remedy it quickly. For this, it is necessary to reorganize around a lucid awareness that the automotive industry is a gigantic machine for producing a technically complex object, whose main chance of commercial success (with equal technical and quality compared to its competitors) lies in the power of seduction of its appearance.
It is not useless to remember that the automobile, due to its characteristics of use and appreciation, will remain for a long time still a “sign-object” generator of pleasures and personal investments, unlike objects that experience a diametrically opposed fate and are only valued by the strict statement of their performances (refrigerators, washing machines, dishwashers, etc.).
What would one think of a film producer, desiring to make a great film and giving power to their set engineers? It’s a bit like what Renault does.
There is no leadership capable of coordinating problems of sensitive perception through the exploration of symbols and their recognition signs.
The style must assume this function by asserting its legitimacy.
To do this, it will be necessary to shake up certain traditions while taking into account Mr. Georges Besse’s letter of September 4th [1985], i.e., resizing, simplifying the organization, spending less, improving quality, and above all making money by making vehicles that appeal. All this with determination, rigor, and lucidity. It is an exciting and challenging challenge in which style will have much to assume.
How?
Simplifying the organization of style means giving it a functional reality perfectly adapted to the needs of the company.
- Create an Advanced Style Directorate.
Its main mission is to explore concepts two years before the choice.
This scheduled work does not exclude the search for “disruptive products” capable of benefiting the company with an unexpected repositioning.
We can also question the means to put in place for an advanced style to find its full effectiveness. For my part, unlike heavy and paralyzing structures, I imagine a small multidisciplinary team capable of discovering and working with new talents.
A real welcoming structure serving as an interface between Renault and the extraordinary wealth of young external creatives. This would also compensate for our inability to attract or retain the best in a fully integrated style structure.
- Create a Production Style Directorate.
Its main mission is the final and definitive compliance of projects in accordance with the B.E. (freeze).
This direction should concentrate its efforts on the quality of details, the homogeneity of derivatives and versions.
- Create a Style Management Committee (DRDA + DP + DTP)
Its main mission is to create and manage a methodological plan allowing directors involved in style to make effective decisions.
Ensure creativity management.
Ensure coordination between advanced style and production style.
Harmonize synergy with AMC style and external talents.
- Focus all current style resources on automobiles.
RVI can now use independent stylists (see successful collaboration with Gandini on project 880). We can advise other company providers in the same spirit.
- Methodically evaluate the skills
of style staff with the collaboration of the management of cadre and non-cadre staff so that each one finds its full efficiency in the various stages of style gestation.
- Redistribute study outsourcing budget
(Search for new talents).
- Remove the operating cost of style in Nanterre
and with this saving, build near the headquarters (plant 0) a location for advanced style (it is fundamental to facilitate the connection with the General Management and the Product Direction).
Production style remaining in Rueil for obvious reasons of direct collaboration with the B.E..
- Accept that advanced style
(as with our most efficient competitors) is assisted by a small group of technicians and engineers, motivated by style, and responsible for the interface with the B.E..
- Question the means and methods applied
at our competitors to better assess our own progress (remember the presentation by A. Jardon in 1982 at the Empire Theater).
The attached table, established in 1981 and concerning style staff compared to the daily production of our competitors, is revealing of Renault’s position.
Of course, this table would deserve to be updated, and then we would discover that VW has just decided to create an advanced style center under the direction of P. Lequemen (perhaps located in Munich?), that Fiat is reorganizing its style with architect Mayoli, and that Ford Europe’s style is in full mutation.
Many other issues would deserve to be mentioned, I will also remember:
- CFAO in style
which will only find its real development with the appearance of the new generation of stylists trained in the manipulation of synthetic images (these young people are beginning to be trained in applied arts schools). Will we be present?
- Tests should primarily serve to
style development and not just illuminate choices, thus creating a “self-censorship” reaction among stylists whose unavowed objective becomes the note to obtain and often causing a feeling of demotivation.
- How not to question
the concrete use of knowledge and passion for automobiles by Product collaborators, I’m thinking of Mr. Cheinisse, Le Floc’h, Souquet, G. Dubrulle among others. An effective collaboration with advanced style would give them the opportunity to revitalize themselves by going beyond the stage of theoretical approach.
[end of the list]
This “statement on style” is intentionally schematic; it would need to be deepened so that it could be integrated into a “company plan” in which innovation would be part of the components of our strategy.
For this, we must avoid the temptation to rally to those who think that the automobile product has reached a stage of maturity condemning it to repeat itself through the “restyled” extension of the previous one.
For my part, I am deeply convinced that with the agreement of Mr. Vian and the collaboration of Mr. Ventre and Mr. Beuzit, it is still possible to initiate a small structure of advanced style with means limited to the strict requirements of our priorities and this without interfering with the means and organization of the current style.
Robert Opron.